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Jazz Magazine N° 21

Jazz Magazine

Jazz Magazine - novembre 1956

Editor
Date novembre 1956
Format Magazine
Pages 44 pages
Location France
Language French
Chapters

Edito

Parlons-en puisqu’il le faut !
Faut-il s’inquiéter de la vogue du « Rock’n roll » ? Il est certain qu’il est toujours pénible d’assister à l’emballement du public pour une forme musicale limitée à quelques hurlements sinistres et au déshabillage des artistes sur la scène. J’ouvre ici une parenthèse pour signaler à Messieurs les impresarios que nous préfèrerions admirer Melba Liston ou Jutta Hipp dans un strip tease scénique plutôt qu’Eddie Chamblee ou Red Prysock.
En attendant, car cela viendra, J’espère, nous sommes conviés à hurler en choeur avec l’orchestre. C’est le jazz brutal, la viande saignante, le jazz qui brûle, en un mot, la caricature du middle jazz. Les beaux esprits s’en vont chagrins, et c’est une fois de plus la mort du jazz qui est annoncée.
Je serai moins pessimiste. J’en ai vu d’autres depuis mon enfance. Il y a eu le Roi du swing Benny Goodman en 1938. Aujourd’hui, on écoute l’orchestre Basie qui, en 1937, swinguait un peu plus que celui de Benjamin. Il y a eu le jazz de l’ Occup en 1941, Salle Pleyel Rostaing et Barelli qui amusaient les zazous et Jerry Mengo qui jouait des solos de batterie pendant quinze minutes, Noël Chiboust qui interprétait « Vite et fort ». Le jazz n’est pas mort de ces excés, pas plus qu’il n’a souffert du New Orléans Revival en 1944. Et pourtant, il y avait de quoi frèmir. Quinze orchestres dixieland jouant ensemble « Muskrat ramble » sur une scène californienne, quelle vision d’horreur ! Cela n’a pas empêché le jazz de vivre quand même. Et le mauvais bebop, le mauvais cool, le Rhythm and blues, toutes les modes, ont été impuissants à freiner la production de bonne musique. Il ne faut pas s’en faire, je pense, la crise du Rock’n roll passera comme les autres, et les grands musiciens s’accommoderont toujours de ces entreprises publicitaires.
Lionel Hampton me faisait remarquer un soir qu’il en était de la musique comme de certains dentifrices. Lorsque le fabricant voit ses ventes diminuer, il change le nom. Tel produit qui était à la « chlorophylle » se vendra mieux s’il s’appelle « Super A ». Puis il devient « Total », avant d’être simplement « Trois X ». Mais en fait, la pâte reste bien la même.
Que les faibles d’esprit s’y laissent prendre, cela fait marcher le commerce. Point d’inquiétude pourtant, le jazz en a vu d’autres et il ne se porte pas si mal que cela en 1956. C’est un art robuste qui peut encaisser bien des maladies.
Frank TENOT

SOMMAIRE

JAZZ INFORMATIONS

  • p 6 : LA TOURNÉE BIRDLAND
  • p 7 : EUROPE N° 1
  • p 9 : LETTRE OUVERTE A KENTON par Leonard Feather
  • p 10 : FLASHES
  • p 10 : AUTOUR DES MICROS

JAZZ MAGAZINE

  • p 13 : LE ROCK AND ROLL
  • p 17 : LA BELLE ÉQUIPE DE COUNT BASIE
  • p 20 : LESTER YOUNG
  • p 24 : JOE WILLIAMS

JAZZ DIGEST

  • p 27 : HOT LIPS PAGE
  • p 28 : LE JAZZ EN FRANCE (1925-1945)
  • p 31 : DES DISQUES ET DES COULEURS.
  • p 41 : QUESTIONS ET RÉPONSES.
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